Un à huit ans de prison aux apprentis braqueurs

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La cour d'assises a examiné pendant quatre jours l'itinéraire criminel de quatre jeunes gensen déshérence, âgés de 18 à 23 ans au moment des faits.
Ils ont tous blêmi, vendredi matin, à l'heure des réquisitions de Stéphane Cantéro, l'avocat général : 12 ans pour Sébastien Hardy, 8 ans pour Wilfried Gacel et Claude Chevalier, 5 ans pour Matthieu Briand. Le magistrat évoque « une escalade de deux mois dans la délinquance », « une bande de malfaiteurs avec un chef, Hardy, et trois suiveurs ». Les faits sont là, têtus, implacables. Et les accusés ne les nient pas.

 

La bande commence son périple en décembre 2004. Cantine cambriolée à Gahard, bâtiment incendié, bagarre à la sortie de discothèque, vols divers... Les quatre jeunes s'enivrent de délinquance. En janvier 2005, les choses s'aggravent. Sébastien Hardy vole la voiture d'une jeune femme en la forçant à s'arrêter. Puis, ils cambriolent une maison où ils savent qu'ils vont trouver des armes et du cannabis.

 

Sébastien Hardy s'empare d'une carabine 22 long rifle qui va amener le quatuor devant les assises. Avec une arme, il se sent fort. Le 27 janvier, vers 4 h du matin, il fait feu sur un jeune homme à Vitré qui part au boulot à l'usine. L'intention première était le vol. L'affaire a mal tourné. Hardy blesse la victime à la fesse. La balle ressort et lacère l'abdomen. Dans la matinée, la gendarmerie stoppe l'ascension criminelle de la bande. Selon l'accusation, « le coup de feu est volontaire ».

 

L'enfance massacrée

 

Matthieu Briand, le moins impliqué, avait 18 ans au moment des faits. Wilfried Gacel aussi. Claude Chevalier, 23 ans et Sébastien Hardy, 20 ans. Les quatre jeunes ont un dénominateur commun : leur enfance massacrée. Personne n'est étranger à son passé. Et c'est là que la cour d'assises, éclairée par la défense et les experts, est allée chercher une plausible explication.

 

Sébastien Hardy est peut-être celui qui a le plus souffert. À quoi pensait le garçon de 11 ans, abandonné de sa mère, quand il traversait des kilomètres de champs, d'Andouillé-Neuville à Gahard, pour se réfugier chez sa grand-mère, fuyant un père cruel et délinquant ? C'est le soir de Noël que les quatre amis se retrouvent pour commettre leurs premiers larcins. Ils n'ont personne, alors ils se mettent ensemble, comme en famille.

 

L'avocat de Claude Chevalier, Me Olivier Pacheu, ne manquera pas de le souligner. « C'est la chronique d'une délinquance annoncée », plaidera l'avocat. Leur béquille, c'est l'alcool et les stupéfiants. Et il faut de l'argent pour s'en procurer. « Ils sont persuadés de ne pas avoir le choix, poursuit Me Pacheu. C'est une vraie fuite en avant. »

 

Me Éric Lemonnier, partie civile, a fait jaillir une autre réalité : celle du jeune homme blessé par le coup de feu. La victime a un risque d'occlusion intestinale permanente et une large cicatrice sur le corps. « Si leurs problèmes personnels et psychologiques les ont conduits là, explique l'avocat, c'est aussi à partir de là que les problèmes de mon client commencent. »

 

Une réalité dont les jurés ont tenu compte en rendant leur verdict : huit ans d'emprisonnement pour Sébastien Hardy, six ans d'emprisonnement pour Claude Chevalier, sept ans pour Wilfried Gacel. Matthieu Briand, à qui il n'a été reproché que deux vols, est condamné à deux ans de prison dont un an avec sursis.
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